Décés de Kandjoura Coulibly

à gauche Kandjoura Coulibaly

La Culture malienne, l’art et en particulier le cinéma malien viennent à nouveau d’enregistrer une grosse perte.

Notre Collègue, ami et frère Kandjoura Coulibaly costumier vient d’être rappelé à Dieu. Décès survenu dans la nuit du Mardi à Mercredi, l’enterrement aura lieu le Jeudi à Magmambougou, chez lui même à 16h.

Nos condoléances à sa famille durement éprouvée. Ensemble, prions pour le repos éternel de son âme.

Réaction de Boubacar Sidibé Réalisateur à la Télévision du Mali:

je suis atterré par la terrible nouvelle de la mort de Kandioura. Jeune réalisateur à l’ORTM, il m’aida à faire mes premiers pas en me donnant de précieux conseils.

Sur le tournage du Téléfilm  » fou du village  » produite par l’ORTM Kandioura lança la mise en garde suivante à toute l’équipe de production je cite: Comme vous tous, malgré les modestes conditions de travail, j’ai accepté de suivre Boubacar Sidibé pour l’aider à faire son film et je n’accepterais jamais que par négligence ou pour une autre raison que quelqu’un l’empêche de bien faire son travail.

C’est avec cet engagement et cette fidélité qu’il m’a aidé à faire plusieurs de mes films tels que N’tronkelen, le Fou du village, Sanoudjè, les deux saisons de la première série historique du Mali : les rois de Ségou et la série Yèrèdon Bougou.

Convenez avec moi qu’il est difficile de trouver les mots pour traduire ce que l’on ressent en pareille circonstance pour un tel homme. Mais une chose est certaine : un monument, un philanthrope de notre culture vient de s’en aller.

Puisse son âme repose en paix, je crois fermement que Dieu l’acceptera à bras ouverts pour tout le bien qu’il a fait alors qu’il était sur cette terre. Dors en paix Maestro.

Réaction de Chérif Keita

Sidibé, c’est une grande perte, en effet.

Voici mon hommage à cet artiste patriote:

IN MEMORIAM: Kandioura Coulibaly

De loin, le moment où il m’a été donné de connaître et d’apprécier le plus le charme attachant de Kandioura était le Folklife Festival, à Washington en 2003, occasion exceptionnelle pour nous de révéler notre pays et sa riche culture aux Américains. Pour pallier les nombreuses lacunes dans l’organisation de l’évènement par les responsables maliens, nous avons dû maintes fois descendre ensemble dans les tranchées pendant deux semaines laborieuses, frustrantes mais combien enrichissantes.

Avec la complicité de son partenaire Klétigui Dembélé, il a déployé son génie du décor pour habiller des moments inoubliables dans l’histoire du prestigieux Folklife Festival de la Smithsonian Institution. En les observant, j’ai compris que l’art était cette merveilleuse école où l’être humain apprend à se mesurer aux problèmes les plus imprévus de son existence.

A la fin de cette expérience, qui a constitué pour moi une si belle leçon de vie et un véritable rite de passage, j’ai versé des larmes au moment de dire « Adieu » à Kandioura, et à tous ces braves artistes, artisans et musiciens maliens(ma pensée pieuse pour Ali Farka Touré et Doussouba Traoré!) que je considérais dorénavant comme mes compagnons d’armes dans le combat pour un humanisme malien. Kandioura est le modèle parfait de l’artiste au service de son peuple.

Je me console de sa disparition en me disant que son exemple et les leçons qu’il a si joliment dispensées pendant sa brillante carrière feront de nombreux disciples dans la jeunesse du Mali et de l’Afrique.

Dors en paix, Kandioura, lumineux chevalier du royaume du Kaya-Maghan!

Chérif Keita

The William H. Laird Professor of French and the Liberal Arts,

Documentary filmmaker,

French and Francophone Studies Department

Carleton College