Nana Kadidia TOUMAGNON Administratrice de la Société BRICO FILMS

Vous venez d’assister à la 10 ème édition de Clap Ivoire qui a vu le sacre de l’ivoirien Jean-Martial Boyou. Quels sont vos commentaires ?

Pour le sacre de l’ivoirien, je n’ai aucun commentaire parce que la décision finale des membres du jury est sans appel.

2 / Vous qui aviez suivi les projections, quels commentaires en faites-vous ?

J’ai suivi les projections de tous les films. Mais comme tout choix est arbitraire, j’ai été surprise par le résultat du jury car pour moi certains films écartés méritaient des distinctions.

3 / Vous qui êtes une habituée de ce rendez-vous, comment avez-vous trouvé l’organisation de ce dixième anniversaire ?

Pour cette dixième édition, les organisateurs ont fait des innovations comme les différents panels, le Dîner gala, le car climatisé, etc. vraiment Bravo aux organisateurs !

4 / Avec un regard rétrospectif, avez-vous le sentiment que les jeunes ont fait du progrès ?

Je suis à ma deuxième participation, je trouve que le niveau des lauréats s’est beaucoup amélioré par rapport à l’année dernière.

5 / Etes-vous de ceux qui pensent que le cinéma  africain doit sortir des sentiers battus ?

Absolument car le cinéma est un puissant moyen de développement et d’éducation de masse.

6 / La sempiternelle question du financement est revenue lors de cette édition. Pensez-vous honnêtement que le financement est un frein à l’essor du cinéma sur le continent ?

Honnêtement le financement est un frein à l’essor du cinéma sur le continent. Un film c’est avant tout un budget. Sans budget pas de film. Or au regard des problèmes de développement auxquels les autorités des différents pays africains sont confrontées, le premier réflexe des décideurs est de reléguer le cinéma au second plan en donnant la priorité à la santé, à l’éducation, etc.

Les professionnels qui œuvrent dans le secteur du cinéma doivent mener des actions de sensibilisation et de plaidoyer auprès des autorités afin qu’ils comprennent que le cinéma est aussi un puissant moyen de développement.

7 / Que faut-il au cinéma africain pour se positionner sur l’échiquier mondial ?

Il faut que les professionnels qui œuvrent dans le secteur du cinéma fassent des actions de sensibilisation et de plaidoyer auprès des autorités afin qu’ils comprennent que le cinéma est aussi un puissant moyen de développement et qu’ils acceptent de créer des fonds de soutien à la production cinématographique et télévisuelle.

Qu’ils acceptent d’investir à la formation des professionnels du cinéma et de la télévision.

Qu’ils investissent à l’acquisition de matériels de tournage de qualité.

8 / Quelle place accordez-vous à la critique cinématographique ?

La critique cinématographique est nécessaire pour l’émergence de films de qualité et permet de faire une bonne lecture des films. Elle pousse les professionnels à plus de rigueur dans le travail.

9 / Cela voudrait dire que les journalistes doivent se former au même titre que les réalisateurs ?.

Les journalistes culturels sont peu nombreux, les critiques cinématographiques sont rares. Pour faire une bonne lecture d’un film, il faut être bien outillé d’où la nécessité pour les journalistes de se former aux langages et aux techniques cinématographiques.

10 / Justement, il que beaucoup de jeunes viennent au cinéma sans véritable formation. Que leur conseillez-vous ?

Pour venir au cinéma, en plus du désir, les jeunes doivent avoir une base, et après faire des formations de qualité. Il y a des écoles de cinéma un peu partout en Afrique. Donc la formation est obligatoire.

11 / La structure que vous dirigez semble prendre beaucoup d’initiatives dans la production et la réalisation de films. Parlez-nous en.

Brico Films est une société de production, de distribution et d’exploitation des films et vidéos.

Cette structure a été créée en octobre 2001.

-En 2002 nous avons produit «  La Lutte contre les Pauvres : Fantan ni Monè » court métrage de fiction de 26mn primé au FESPACO 2003.

-En 2004 La première saison de la série « DOU ( La Famille ) » 15 épisodes de 26mn financée par la télévision Nationale Brico Films, CFI, l’Organisation Internationale de la Francophonie et le Fonds Images Afrique du Ministère français des affaires étrangères.

-En 2006 la deuxième saison de la série « DOU ( La Famille ) » 30 épisodes de 26mn financée par la télévision Nationale, Brico Films, CFI, l’Organisation Internationale de la Francophonie et le Fonds Images Afrique du Ministère français des affaires étrangères.

Nous venons de terminer une série historique de 21 épisodes de 26mn intitulée « Les Rois de Ségou » Financée par la télévision Nationale, Brico Films, CFI et l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Cette série est diffusée présentement sur les antennes de l’ORTM.

Voilà en gros les différentes productions de ma structure sans compter les documentaires institutionnels, les productions pour Clap Ivoire et d’autres productions.

12 / Avez-vous une subvention de l’Etat ?

Je n’ai pas eu encore de subvention de l’Etat.

La télévision nationale participe comme coproducteur à beaucoup de mes productions en matériels et en ressources humaines et sur ma dernière production en cash.

13 / Pensez-vous qu’un Grand Prix Kodjo Ebouclé remportera un jour l’ Etalon du Yennèga ?

Bien sûr qu’un Grand Prix Kodjo Ebouclé peut remporter un jour l’Etalon de Yennèga comme Fatoumata Ouattara lauréate en 2007 qui suit des études de cinéma à Ouaga ou

Fatoumata Sidibé qui à le prix du meilleur documentaire et le Grand Prix Kodjo Ebouclé en 2008 et qui a fait une formation cinéma en France grâce au CNAC ensuite elle était assistante de réalisation de Boubacar Sidibé sur la série historique de 21 épisodes de 26 mn que nous venons de terminer.

Au moment où je vous parle, elle est sollicitée par Salif Traoré un autre grand réalisateur pour faire 40 épisodes de 26 mn pour la télévision nationale et l’Unicef.

Nous fondons de grands espoirs sur ces deux filles qui n’avaient pas fait de cinéma avant Clap Ivoire et qui montent dans la profession.

14 / Avons-nous des raisons de croire à l’essor du cinéma africain ?

Avec la création des écoles de cinéma et la formation de qualité des jeunes, Nous pouvons dire que l’espoir est permis.

15 / Avez-vous de suggestions en ce qui concerne l’organisation de Clap Ivoire ?

Clap Ivoire est une œuvre humaine donc n’échappe pas à l’imperfection. Ils ont fait des innovations cette année je les encourage donc sur cette voie.

16 / Votre mot de fin.

Tout d’abord je vous remercie pour cet entretien et votre intérêt pour ma modeste personne.

Je félicite et encourage les initiateurs et organisateurs de Clap Ivoire. Ce festival concours de courts métrages vidéos destinés aux jeunes techniciens et réalisateurs des pays de l’Union économique monétaire ouest africaine (UEMOA) qui a pour objectifs de promouvoir les métiers du cinéma et de l’audiovisuel ; déceler des talents ; développer l’esprit de créativité ; promouvoir l’intégration culturelle ; offrir un cadre d’échange et de rencontres entre professionnels et jeunes du secteur de l’audiovisuel et du cinéma.

Nana Kadidia Toumagnon

 

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